Jean-Pierre Diény

Jean-Pierre Diény est décédé le 3 mai 2014. Il était né le 14 août 1927 à Colmar. Reçu premier à l’agrégation de lettres classiques, il enseigna le grec de 1952 à 1955 avant de se consacrer à l’étude de la civilisation chinoise. Il fit la connaissance de Paul Demiéville, grand maître des études chinoises. Jean-Pierre Diény dira de Paul Demiéville : « Jamais envers aucun maître je n’ai contracté une telle dette de reconnaissance ».
Jean-Pierre Diény fut nommé attaché de recherches au CNRS en 1955. En 1959, il fut nommé pensionnaire de la maison franco-japonaise de Tokyo. Après avoir séjourné à Kyôto auprès du grand maître des études classiques chinoises, Kawakatsu Yoshio 川勝義雄, il est revenu à Tokyo en septembre 1962 avant de quitter le Japon en novembre. Après deux années passées en France, il est arrivé à Pékin en novembre 1964, et y a enseigné le français à l’Institut des langues étrangères. Fin 1966, les chercheurs étrangers furent contraints à quitter la Chine. Jean-Pierre Diény s’installa à Hong Kong où il découvrit là un milieu de savants chinois, souvent des émigrés, ouvert et accueillant, et en particulier il se lie à Rao Zongyi 饒宗頤, un des plus grands érudits chinois de notre temps.
De retour en France il fut nommé chargé de recherches au CNRS. Dès 1965, son livre Dix-neuf poèmes anciens, publié au Japon, devenu un classique à l’étranger comme en France, lui avait valu le diplôme de l’EPHE. Et en 1969, il reçut le prix Giles de l’Académie des inscriptions et belles-lettres pour le livre Aux origines de la poésie chinoise classique. Chargé de conférences à la IVe section en 1969, il fut élu directeur d’études en 1970. Il enseigna à la section jusqu’en 1997.
L’héritage scientifique de Jean-Pierre Diény est considérable. Par ses très nombreuses publications, ouvrages, articles, des comptes rendus aussi précieux que des études, en français pour l’essentiel, mais parfois aussi en japonais et en chinois, il aura beaucoup œuvré pour le rayonnement de l’École. S’il savait saluer les grandes synthèses, il leur préférait, fidèle à l’esprit de l’École, une méthode prudente et sûre, fondée sur l’examen minutieux des sources. Il disait lui-même voir la civilisation de la Chine ancienne comme un continent encore peu connu, dans lequel il ne fallait progresser qu’avec précaution. Sa connaissance était comme un édifice qu’il fallait construire pierre à pierre. Une vie d’homme ne pouvait suffire à achever l’édifice, mais il en aura laissé à ceux qui voudront poursuivre son œuvre les bases saines et solides.